Benjamin Aw
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"title": "La prosodie des \u00e9nonc\u00e9s interrogatifs en fran\u00e7ais L2",
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"abstract": "Cet article est consacr\u00e9 \u00e0 l'acquisition de l'intonation des \u00e9nonc\u00e9s interrogatifs en fran\u00e7ais L2. L'\u00e9tude repose sur une analyse contrastive d'\u00e9nonc\u00e9s fran\u00e7ais et espagnols produits par quinze \u00e9tudiants Mexicains apprenant le fran\u00e7ais, dix locuteurs Fran\u00e7ais natifs et dix locuteurs Mexicains. Les patrons intonatifs observ\u00e9s dans les questions totales produites par les apprenants pr\u00e9sentent plusieurs caract\u00e9ristiques qui, sous certains points, les rapprochent de l'espagnol du Mexique, et pourraient les faire analyser comme r\u00e9sultat d'un transfert: emploi des contours montants terminaux et absence de marquage de la structure prosodique interne. En revanche, les formes prosodiques observ\u00e9es dans les questions partielles ne rel\u00e8vent pas d'un transfert de la L1: les apprenants emploient majoritairement des contours montants, alors qu'en espagnol les contours montants et descendants sont utilis\u00e9s dans des proportions comparables. Aussi, nous pensons que l'hypoth\u00e8se du transfert n'est pas la plus ad\u00e9quate pour rendre compte des patrons prosodiques observ\u00e9s en L2. ABSTRACT__________________________________________________________________________________________________________ The prosody of questions in French as L2 This paper focuses on the acquisition of the tonal and prosodic structure of questions in French as a L2. Our study consists in a cross-comparison of utterances recorded in French and Spanish in various settings, and produced by 15 Mexican Spanish learners of French (L2), 10 French speakers and 10 Mexican speakers. In the yes-no questions as produced by the learners, some characteristics of their L1 are observed, which can be seen as a consequence of a transfer: (i) the nuclear contour consists in an extra-high F0 rise, and (ii) the internal prosodic structure at the level of the AP is not clearly marked. However, the tonal patterns observed in partial questions, where learners do use rising contours, cannot be attributed to a transfer. These findings prove that the acquisition of prosody in a L2 cannot be analyzed as a mere transfer from the learner's first language. MOTS-CL\u00c9S : Acquisition d'une L2, intonation, phras\u00e9 prosodique.",
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"text": "Cet article est consacr\u00e9 \u00e0 l'acquisition de l'intonation des \u00e9nonc\u00e9s interrogatifs en fran\u00e7ais L2. L'\u00e9tude repose sur une analyse contrastive d'\u00e9nonc\u00e9s fran\u00e7ais et espagnols produits par quinze \u00e9tudiants Mexicains apprenant le fran\u00e7ais, dix locuteurs Fran\u00e7ais natifs et dix locuteurs Mexicains. Les patrons intonatifs observ\u00e9s dans les questions totales produites par les apprenants pr\u00e9sentent plusieurs caract\u00e9ristiques qui, sous certains points, les rapprochent de l'espagnol du Mexique, et pourraient les faire analyser comme r\u00e9sultat d'un transfert: emploi des contours montants terminaux et absence de marquage de la structure prosodique interne. En revanche, les formes prosodiques observ\u00e9es dans les questions partielles ne rel\u00e8vent pas d'un transfert de la L1: les apprenants emploient majoritairement des contours montants, alors qu'en espagnol les contours montants et descendants sont utilis\u00e9s dans des proportions comparables. Aussi, nous pensons que l'hypoth\u00e8se du transfert n'est pas la plus ad\u00e9quate pour rendre compte des patrons prosodiques observ\u00e9s en L2. ABSTRACT__________________________________________________________________________________________________________ The prosody of questions in French as L2 This paper focuses on the acquisition of the tonal and prosodic structure of questions in French as a L2. Our study consists in a cross-comparison of utterances recorded in French and Spanish in various settings, and produced by 15 Mexican Spanish learners of French (L2), 10 French speakers and 10 Mexican speakers. In the yes-no questions as produced by the learners, some characteristics of their L1 are observed, which can be seen as a consequence of a transfer: (i) the nuclear contour consists in an extra-high F0 rise, and (ii) the internal prosodic structure at the level of the AP is not clearly marked. However, the tonal patterns observed in partial questions, where learners do use rising contours, cannot be attributed to a transfer. These findings prove that the acquisition of prosody in a L2 cannot be analyzed as a mere transfer from the learner's first language. MOTS-CL\u00c9S : Acquisition d'une L2, intonation, phras\u00e9 prosodique.",
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"text": "La question du transfert de la L1 vers la L2 a \u00e9t\u00e9 abord\u00e9e dans de nombreux travaux consacr\u00e9s \u00e0 l'acquisition. Le ph\u00e9nom\u00e8ne de transfert a d'ailleurs souvent \u00e9t\u00e9 consid\u00e9r\u00e9 comme important lors de l'analyse de productions orales d'apprenants. Ainsi, dans de nombreuses \u00e9tudes, les formes prosodiques erron\u00e9es produites par les apprenants d'une L2 sont attribu\u00e9es \u00e0 un transfert (cf. Gut, 2009 pour une synth\u00e8se sur ce point). Cependant, d'autres travaux (cf. Trouvain & Gut, 2007) montrent que le transfert ne peut pas expliquer toutes les formes prosodiques erron\u00e9es observ\u00e9es dans les productions des apprenants: d'une part, certaines formes observ\u00e9es en L2 ne sont attest\u00e9es ni dans la L1 des apprenants ni dans la langue cible ; d'autre part, des formes comparables en L1 et en langue cible ne sont pas observ\u00e9es chez les apprenants. Certains traits prosodiques en L2 ne peuvent donc pas \u00eatre imputables \u00e0 la seule L1 des apprenants, mais pourraient relever d'autres facteurs: le processus d'acquisition luim\u00eame, les comp\u00e9tences des apprenants dans d'autres domaines de la L2 comme la syntaxe, la s\u00e9mantique, etc.",
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"text": "Au vu de ces diff\u00e9rentes hypoth\u00e8ses, nous sommes en droit de nous demander dans quelle mesure le transfert de la L1 vers la L2 peut (i) rendre compte de certains aspects des r\u00e9alisations produites par des apprenants du fran\u00e7ais, et (ii) affecter certains ph\u00e9nom\u00e8nes prosodiques comme l'accentuation ou la forme des patrons intonatifs. Pour essayer de r\u00e9pondre \u00e0 ces questions, nous nous proposons dans cet article d'\u00e9tudier la prosodie des \u00e9nonc\u00e9s interrogatifs en fran\u00e7ais L2 \u00e0 partir de l'analyse de productions d'apprenants hispanophones du Mexique. L'objectif de notre \u00e9tude est double :",
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"text": "1. analyser la prosodie, et plus particuli\u00e8rement les contours terminaux et la structure prosodique interne, dans les questions totales (Yes/No Questions) et partielles (Wh-questions) en fran\u00e7ais L2; 2. \u00e9valuer quel est le r\u00f4le de la L1 des apprenants dans les formes prosodiques observ\u00e9es en fran\u00e7ais dans les questions totales et partielles. .",
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"text": "Dans un premier temps, la m\u00e9thodologie utilis\u00e9e pour collecter le corpus, classer les donn\u00e9es et les annoter sera d\u00e9crite. Les caract\u00e9ristiques prosodiques des productions orales obtenues seront pr\u00e9sent\u00e9es dans un second temps. Enfin, nous discuterons les r\u00e9sultats de nos observations, ce qui nous am\u00e8nera \u00e0 formuler quelques hypoth\u00e8ses concernant la prosodie des questions en fran\u00e7ais et son acquisition en L2.",
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"text": "Les questions analys\u00e9es pour ce travail ont \u00e9t\u00e9 extraites d'un large corpus enregistr\u00e9 \u00e0 partir d'une adaptation du protocole COREIL (Delais-Roussarie & Yoo, 2011). Ce protocole a \u00e9t\u00e9 con\u00e7u pour collecter des donn\u00e9es d'apprenants qui puissent \u00eatre utilis\u00e9es pour (i) d\u00e9crire les caract\u00e9ristiques prosodiques des productions en L2, (ii) \u00e9valuer le r\u00f4le de la L1 dans le processus d 'acquisition d'une L2, et (iii) ",
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"text": "Ont \u00e9t\u00e9 extraits des t\u00e2ches de lecture et du jeu de r\u00f4le (dans la t\u00e2che POI) tous les \u00e9nonc\u00e9s interrogatifs produits. Apr\u00e8s avoir \u00e9limin\u00e9 les questions elliptiques, nous avons op\u00e9r\u00e9 une classification sur bases syntaxiques pour les \u00e9nonc\u00e9s restants. Les questions totales ont ensuite \u00e9t\u00e9 class\u00e9es en trois sous-groupes : (i) les questions totales d\u00e9claratives (sans marquage structurel ou lexical particulier), (ii) les questions totales avec inversion du sujet, et (iii) les questions totales commen\u00e7ant par la locution \u00ab est-ce que \u00bb. Pour les questions partielles, nous avons d\u00e9fini deux sous-groupes: (iv) les questions partielles \u00e0 morph\u00e8me interrogatif ant\u00e9pos\u00e9 et ( ",
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"text": "L'\u00e9tude prosodique des donn\u00e9es portait essentiellement sur la forme tonale des contours terminaux (forme et ampleur du mouvement m\u00e9lodique terminal) et sur le marquage de la structure prosodique interne (par des mouvements de F0 et/ou des allongements de la dur\u00e9e syllabique). Pour mener \u00e0 bien cette \u00e9tude, les donn\u00e9es ont \u00e9t\u00e9 annot\u00e9es prosodiquement relativement \u00e0 ces deux \u00e9l\u00e9ments. Pour encoder la forme des contours terminaux, nous avons utilis\u00e9 une stylisation automatique de la courbe de F 0 obtenue pour l'ensemble des donn\u00e9es \u00e0 l'aide du Prosogramme (Mertens, 2004) . Pour les d\u00e9coupages prosodiques, nous nous sommes appuy\u00e9s sur les r\u00e8gles phonologiques de formation des mots prosodiques (PWD) et des groupes accentuels (GA) en fran\u00e7ais (Di Cristo, 1998 et Jun & Fougeron, 2002 , entre autres) et en espagnol (Sosa, 1999) .",
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"section": "\u00c9tude prosodique des \u00e9nonc\u00e9s interrogatifs",
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"text": "Quatre formes de contour nucl\u00e9aire ont \u00e9t\u00e9 distingu\u00e9es. Elles sont transcrites par les symboles suivants :",
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"section": "Forme des contours terminaux",
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"text": "-L% pour un mouvement consistant en une baisse de deux demi-tons et \u00e9tant per\u00e7u comme descendant ; -0% pour un mouvement stable entre la syllabe nucl\u00e9aire accentu\u00e9e et la syllabe pr\u00e9tonique. Il est per\u00e7u comme plateau ; -H% pour un mouvement montant ayant une ampleur maximale de dix demitons et \u00e9tant per\u00e7u comme montant ; -HH% pour un mouvement ayant une mont\u00e9e extr\u00eame d\u00e9passant les dix demitons et \u00e9tant per\u00e7u comme tr\u00e8s montant (extra-montant).",
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"section": "Forme des contours terminaux",
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"text": "Pour le fran\u00e7ais, l'\u00e9tude des d\u00e9coupages en groupes accentuels (GA) s'est faite \u00e0 partir d'une confrontation entre une segmentation sur bases morpho-syntaxiques et la segmentation effectivement produite dans les productions des locuteurs. (Sosa, 1999) . Une ANOVA a montr\u00e9 des interactions statistiquement significatives entre l'emploi des contours prosodiques et les groupes de locuteurs. Tous les effets pr\u00e9sent\u00e9s ici sont donc significatifs \u00e0 un niveau inf\u00e9rieur \u00e0 p<0.05.",
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"text": "(Sosa, 1999)",
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"section": "Structure interne ou d\u00e9coupages prosodiques",
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"text": "3.1.2 D\u00e9coupage en GA et structure prosodique de l'\u00e9nonc\u00e9 D'apr\u00e8s plusieurs auteurs (Di Cristo, 1998; Vion, 2002) , le d\u00e9coupage en GA est clairement marqu\u00e9 dans les questions totales en fran\u00e7ais, notamment par la pr\u00e9sence d'un accent final qui se caract\u00e9rise phon\u00e9tiquement par un allongement de la dur\u00e9e et un changement de hauteur m\u00e9lodique. L'observation des donn\u00e9es confirme cette analyse. Dans la plupart des \u00e9nonc\u00e9s produits par les locuteurs FL1, les d\u00e9coupages en GA sont clairement marqu\u00e9s: une variation de hauteur de 5 st. en moyenne est r\u00e9alis\u00e9e entre la syllabe accentu\u00e9e de la fin de chaque GA et celle qui pr\u00e9c\u00e8de.",
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"text": "Vion, 2002)",
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"section": "Structure interne ou d\u00e9coupages prosodiques",
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"text": "Selon plusieurs auteurs (Face, 2007, entre autres) , en espagnol, la prosodie des questions totales a deux caract\u00e9ristiques essentielles: Un premier pic de F 0 est r\u00e9alis\u00e9 sur la premi\u00e8re syllabe ayant un accent lexical ; ce pic est suivi par une descente graduelle de la courbe de F 0 atteignant un niveau bas sur la derni\u00e8re syllabe accentu\u00e9e du dernier mot de l'\u00e9nonc\u00e9. Ces caract\u00e9ristiques ont pour cons\u00e9quence une absence de marquage prosodique des syllabes interm\u00e9diaires accentu\u00e9es, les d\u00e9coupages en mots prosodiques au milieu de l'\u00e9nonc\u00e9 \u00e9tant alors difficiles \u00e0 percevoir. Dans les productions des locuteurs EL1, ces caract\u00e9ristiques sont toujours pr\u00e9sentes, mais elles le sont souvent aussi dans les productions des apprenants. De fait, ces derni\u00e8res diff\u00e8rent des r\u00e9alisations des locuteurs FL1 par une absence de marquage des d\u00e9coupages en GA (que ce soit par la r\u00e9alisation d'un mouvement m\u00e9lodique sur les syllabes finales et/ou par un allongement de la dur\u00e9e). Les diff\u00e9rences dans la r\u00e9alisation des d\u00e9coupages en GA entre les groupes FL1 et FL2 sont repr\u00e9sent\u00e9es dans la figure 2 (calcul effectu\u00e9 pour les questions totales de la t\u00e2che de lecture). Comme on le voit, les apprenants indiquent nettement moins les d\u00e9coupages en GA que les natifs (36,9% des cas vs. 82%). ",
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"text": "(Face, 2007, entre autres)",
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"section": "Structure interne ou d\u00e9coupages prosodiques",
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"text": "L'\u00e9tude des questions partielles a port\u00e9 sur la seule forme des contours terminaux. Comme le nombre de questions partielles de plus de deux GA \u00e9tait tr\u00e8s limit\u00e9 dans notre corpus, il ne nous a pas \u00e9t\u00e9 possible d'\u00e9tudier en d\u00e9tails le phras\u00e9 prosodique. La r\u00e9partition des diff\u00e9rents contours observ\u00e9s dans les questions partielles en fonction de leur forme, des groupes de locuteurs et de la position lin\u00e9aire du mot QU est donn\u00e9e dans la figure 3 :",
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"section": "Les questions partielles",
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"text": "82% 36.9%",
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"section": "Les questions partielles",
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"text": "FIGURE 3 -Distribution des contours finaux dans les questions partielles.",
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"section": "Les questions partielles",
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"text": "L'\u00e9tude de cette r\u00e9partition montre que les formes ne se distribuent pas de fa\u00e7on identique en fran\u00e7ais (FL1) et en espagnol (EL1), m\u00eame si, dans ces deux langues, la forme des contours terminaux est beaucoup plus vari\u00e9e que dans les questions totales (cf. fig. 1 ). En fran\u00e7ais, les contours non montants 0% et L% sont les plus utilis\u00e9s (75% des cas) et ce, ind\u00e9pendamment de la position du mot interrogatif dans l'\u00e9nonc\u00e9 (ant\u00e9pos\u00e9 ou in situ). En revanche, en espagnol, la r\u00e9partition entre contours non montants (0% et L%) et montants (H% et HH%) est assez \u00e9quilibr\u00e9e (47 % et 53 %). Ces r\u00e9alisations confirment ce qui est dit dans la litt\u00e9rature (Di Cristo, 1998 ; Sosa, 2003) . Les r\u00e9alisations des apprenants diff\u00e8rent de celles des natifs, aussi bien en fran\u00e7ais qu'en espagnol. Les contours montants et extra-montants y sont beaucoup plus repr\u00e9sent\u00e9s puisqu'ils sont utilis\u00e9s dans plus de 80% des cas. Ces r\u00e9sultats sont statistiquement confirm\u00e9s par une ANOVA (tous les Ps avec p<0.05). Un exemple de contour intonatif HH% observ\u00e9 dans une question partielle d'apprenant est illustr\u00e9 dans la fig. 4 FIGURE 4 -Question partielle marqu\u00e9e avec un contour HH%",
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"text": "(Di Cristo, 1998 ;",
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"text": "Sosa, 2003)",
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"text": "Les formes prosodiques observ\u00e9es dans les questions totales produites par les apprenants de L2 se rapprochent sous bien des aspects de ce qui se fait en espagnol. D'une part, les contours terminaux utilis\u00e9s sont massivement ou montants ou extra-montants. D'autre part, les d\u00e9coupages prosodiques en groupes accentuels ne sont g\u00e9n\u00e9ralement pas clairement marqu\u00e9s sur le plan prosodique. D\u00e8s lors, on pourrait \u00eatre tent\u00e9 d'expliquer les r\u00e9alisations obtenues par un transfert prosodique de la L1 vers la L2. L'analyse des questions partielles ne permet cependant pas de valider cette hypoth\u00e8se. \u00c0 la diff\u00e9rence de ce qui se passe dans les questions totales, l'emploi recurrent des contours montants et extra-montants \u00e0 la fin des questions partielles ne peut en effet pas s'expliquer par un simple ph\u00e9nom\u00e8ne de transfert. De fait, les contours montants ou extra-montants ne sont pas plus repr\u00e9sent\u00e9s que les contours non-montants dans les productions en D'autres facteurs doivent d\u00e8s lors \u00eatre invoqu\u00e9s pour rendre compte du choix des contours terminaux dans les productions des apprenants. Plusieurs pistes sont \u00e0 explorer. D'une part, on peut se demander si certaines formes ne constituent pas des formes non-marqu\u00e9es ou des primitives utilis\u00e9es en d\u00e9but d'acquisition, et cela quelles que soient les langues en contact. Dans cette perspective, l'emploi d'un seul et m\u00eame contour montant dans les questions (d\u00e9claratives ou partielles) serait caract\u00e9ristique d'une \u00e9tape pr\u00e9coce dans l'acquisition de la prosodie en L2. D'autre part, le choix des contours terminaux et la r\u00e9alisation des d\u00e9coupages prosodiques en L2 pourraient n\u00e9cessiter l'acquisition pr\u00e9alable de certains traits syntaxiques et s\u00e9mantiques en jeu dans la construction des phrases interrogatives et la composition interne des unit\u00e9s syntaxiques. Explorer certaines de ces pistes pour tenter de mieux comprendre les r\u00e9alisations prosodiques observ\u00e9es sera l'objet de travaux ult\u00e9rieurs. Cela se fera en utilisant des donn\u00e9es comparables dans des situations de contact de langues diff\u00e9rentes, et en \u00e9tudiant les productions d'apprenants ayant un niveau plus avanc\u00e9 (B2 ou C1).",
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"section": "Conclusion et perspectives",
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"content": "<table><tr><td>3 R\u00e9sultats</td></tr><tr><td>3.1 Les questions totales</td></tr><tr><td>3.1.1 Le contour final</td></tr><tr><td>Sur l'ensemble de nos donn\u00e9es, les contours terminaux prennent une des formes</td></tr><tr><td>suivantes : plateau (0%), descendant (L%), montant (H%) et extra-montant (HH%). La</td></tr><tr><td>fa\u00e7on dont se r\u00e9partissent les formes en fonction des groupes de locuteurs et de la classe</td></tr><tr><td>syntaxique des \u00e9nonc\u00e9s est r\u00e9sum\u00e9e dans la figure 1.</td></tr><tr><td>FIGURE 1 -</td></tr></table>",
"text": "Pour les \u00e9nonc\u00e9s interrogatifs de l'espagnol, les \u00e9v\u00e9nements prosodiques marquant la structure interne ont \u00e9t\u00e9 analys\u00e9s au niveau du mot prosodique (PWD). Cette unit\u00e9 se d\u00e9finit uniquement par la pr\u00e9sence d'un accent lexical r\u00e9alis\u00e9 par une mont\u00e9e m\u00e9lodique (cf.Sosa, 1999). Pour le d\u00e9coupage, nous avons not\u00e9 la position des syllabes portant l'accent lexical dans les mots pleins des \u00e9nonc\u00e9s et nous avons observ\u00e9 si ces syllabes PUEden, haCER, reserVAciones, et teLEfono. Pour d\u00e9crire la forme des accents, nous avons utilis\u00e9 la notation propos\u00e9e par De la Mota et al. (2010) en employant les symboles H*, L*, L*+H, etc., qui sont associ\u00e9s aux syllabes accentu\u00e9es. Distribution des contours finaux dans les questions totales Une \u00e9tude attentive de cette distribution montre que les contours ne se r\u00e9partissent pas de la m\u00eame fa\u00e7on dans les trois groupes. Les contours 0% et L% n'apparaissent que dans les \u00e9nonc\u00e9s en fran\u00e7ais, et essentiellement chez les natifs. En outre, ils sont surtout utilis\u00e9s dans les \u00e9nonc\u00e9s o\u00f9 un marquage lexical (avec est-ce que) ou syntaxique (avec l'inversion) existe (30 % et 45 % des cas respectivement). Le contour montant H% est beaucoup plus utilis\u00e9 que le contour extra-montant HH% dans les productions des locuteurs FL1, alors que la r\u00e9partition entre ces deux formes est plus \u00e9quilibr\u00e9e en espagnol L1 et dans les productions des apprenants. Nous pouvons en d\u00e9duire que les contours montants H% et HH% sont clairement associ\u00e9s \u00e0 l'intonation des questions totales en espagnol, et, par contraste, que les contours associ\u00e9s \u00e0 ce type de questions sont plus vari\u00e9s en fran\u00e7ais, notamment lorsqu'un \u00e9l\u00e9ment lexical ou syntaxique indique la modalit\u00e9 de l'\u00e9nonc\u00e9 (inversion du sujet ou expression interrogative).Quant aux locuteurs FL2, ils ont essentiellement utilis\u00e9 les contours H% et HH%, qui se retrouvent aussi dans les productions des natifs, et sont donc acceptables. Cependant, la r\u00e9partition entre les formes des contours rappelle davantage ce qu'on observe chez les hispanophones: moins grande vari\u00e9t\u00e9 de formes et utilisation assez \u00e9quilibr\u00e9e des contours montants et extra-montants. Notons d'ailleurs que l'usage du contour extramontant correspond \u00e0 ce qui est observ\u00e9 en espagnol du Mexique, o\u00f9 l'utilisation d'une mont\u00e9e tr\u00e8s ample et tr\u00e8s haute est fr\u00e9quente dans les questions totales",
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